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1461-08-27 [RP] Faute de chébèque si on y allait à pied ?

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1461-08-27 [RP] Faute de chébèque si on y allait à pied ? Empty 1461-08-27 [RP] Faute de chébèque si on y allait à pied ?

Message  Admin Dim 27 Juil - 17:56

Floriantis a écrit:[Rouen au mois d'aout]


"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer."*


Avez vous déjà eu l'impression de vivre à nouveau quelque chose. Quelque chose qui ne vous est pas inconnu, qu'il vous semble avoir déjà vécu mais quelque chose qui vous échappe néanmoins.
Le jeune Alcapari avait posé ses fesses sur une caisse déposée avec quelques autres qui n'attendaient sans doute que d'être chargées à bord, et posé ses prunelles acier une fois de plus au loin délaissant le cordage qu'il tenait entre ses mains, oubliant quelques instants la voix de l'homme qui s'affairait à ses côtés.
L'entrée du port, partir vers l'Ouest, la direction de la mer. L'Ouest c'était à gauche comme lui avait précisé Tit Pom'. Mais pas de Pom ni de Stella Marina à quai. Deux navires, La Clé de Sol  qui arborait le pavillon normand , et un autre Le p'tit anique.
Et pourtant un troisième apparaissait, qui faisaient scintiller de petites lumières semblables à des lucioles au fond de ses yeux clairs. Un navire dont la coque avait été entretenue récemment , et dont les voiles latines frissonnaient doucement sous la brise qui balayait le port, laissant s'envoler leur chant encore timide, tandis que le pont résonnait du bruit des bottes et des cris de l'équipage qui s'affairait pour le départ.
Tout avait été nettoyé les jours précédents, le pont lustré, les voiles bien carguées, les drisses enroulées comme il faut afin que tout soit prêt pour le départ, les défenses sur la coque vérifiées à nouveau afin de subir le moins d'avaries possible s'il fallait accoster dans quelque endroit sauvage.
La cargaison était en ordre , le vent favorable pour le départ, et la chemise blanche du  Capitaine dansait elle aussi doucement sous le vent, impatiente d'aller respirer l'air du large.


Capitaine nous sommes prêts à déferler

Le capitaine se tourna vers son second et après avoir balayé un instant le pont du regard, donna ses ordres.

allez y, larguez les amarres et cap à l'ouest
amarres larguées !


Le vent qui s'engouffre dans les voiles et fait crisser les mats et chanter les cordages, le doux bruissement de la coque qui glisse sur l'eau et cet air qui vous caresse le visage et vous soutire un soupir de satisfaction comme si les mains d'une femme s'étaient posées sur lui.

alors moussaillon t'as fini ce nœud où t'es déjà en mer ?
Hum ? Quel nœud ? Ah oui le nœud !

Des yeux aussi bleus que pouvaient l'être les flots, une barbe blanche assortie à ses cheveux emmêlés, le teint basané par des années passées sur son navire, le vieil homme relativement petit, observait l'Alcapari d'un air faussement bourru, teinté d'une légère lueur de bienveillance. A ses pieds, des filets qu'il venait de réparer encore et toujours et qui serviraient encore jusqu'à ce que les cordages soient trop usés pour soutenir le poids d'une sardine n'ayant pas atteint l'âge adulte, si temps soit peu qu'une sardine puisse être adulte.

 Floriantis inséra le bout de la corde qu'il tenait, dans le dormant avant de présenter fièrement son oeuvre au Capitaine.   Et voila ! il suffira de tirer sur le courant comme ça et le dormant pour le défaire ... et de présenter aux yeux de son interlocuteur, la corde tendue qu'il tenait du bout des doigts.
c'est bien moussaillon marmona le vieil homme tout en sortant un petit objet de sa poche sous l'oeil curieux du jeune Alcapari avant de prendre place à ses côtés
Tu vois qu'c'est pas bien difficile. Avec ce noeud là tu pourras faire une échelle et bien d'autres choses
si j'pouvais faire un bateau avec

Le blondinet grimaça avant d'éclater de rire et de tourner son regard à nouveau vers l'eau où le mirage du navire prêt à quitter le port s'estompait doucement. La voix du Capitaine le tira de sa rêverie.

t'es sûr qu'tu veux quitter Rouen ?
oui c'est une question de jours.
il y a des endroits où l'on sent, où l'on sait que quoi que l'on fasse on arrivera à rien....
et de tourner son visage vers le Capitaine. je ne suis jamais resté quelque part sans apprendre quelque chose. Rouen restera l'endroit où grâce à une femme, un de mes rêves s'est réalisé, barrer un bateau.
alors prends ça j'te la donne moi je n'en ai plus besoin.

Et de joindre le geste à la parole en présentant sa main ouverte dans laquelle reposait une boussole en laiton, dont le petit couvercle la protégeant était ouvert.

Prends là elle te servira au moins à venir me saluer
elle est pour moi ?

Une boussole, sans nul doute l'une des plus belles qu'il lui ait été donné de voir. Il se noya en remerciement, gêné et fier de ce geste et la glissa dans sa poche, un large sourire éclairant son visage.
Pour sûr qu'avec elle, il ne perdrait pas le nord.



_______________
 Titre inspiré de la BD de Cape et de Crocs
* l'homme et la mer - C. Baudelaire

Harpege a écrit:[Avranches, dernier jour du mois d'août]

Dans le frémissement de l'aube, Harpège regardait en souriant la petite main potelée de sa fille se tendre vers le point exact où le soleil apparaissait. C'était un jeu qu'elle avait inventé pour Pom', il s'agissait, assis dans la quiétude de la fin de nuit, de deviner où le soleil allait illuminer l'horizon et de montrer cet endroit au moment où il apparaissait. Un marin doit avoir un bon sens du temps et de l'espace, et Pom' y excellait.

Harpège avait repris le jeu avec Abbie, qui devenait fort douée en la matière.

Mais son sourire lorsqu'elle regardait sa fille se teintait d'inquiétude. L'enfant avait été retrouvée baguenaudant en la lande, bretonne de surcroît. Elle était partie droit devant elle, avec sur son joli minois la moue têtue héritée de son père, disant qu'elle ne voulait pas rester en Normandie, même chez son parrain préféré, tandis que "les autres" allaient s'amuser au sud. Harpège l'avait attendue en souriant, persuadée qu'elle reviendrait au bout de quelques instants.... s'était affolée.... avait ameuté du monde.... avait fais seller sa jument... Et avait mis quelques jours à retrouver l'enfant, assise dans la bruyère, souriante et les mains pleines de fleurs.

Que dire à une enfant de trois ans? Elle avait fessé l'indisciplinée, cachant du mieux possible son soulagement de l'avoir retrouvée. Mais elle se doutait bien que cela ne suffirait pas et s'inquiétait fort pour l'avenir.

Pour l'instant, le soleil, bon homme, apparut exactement où l'enfant l'attendait. Peut être en la gardant occupée, Harpège réussirait elle à lui faire oublier ses tentatives exploratoires? Il fallait essayer du moins. Elle déposa ostensiblement le coquillage blanc, récompense de l'exploit, près de la besace de l'enfante. Besace qui s'emplissait vitement de trésors, petits galets, coquilles de rien, morceaux de bois flotté.

Harpège tiqua. Morceaux de bois flotté? Dans la douce pénombre précédant l'aube, elle s'agenouilla auprès de sa fille et examina les morceaux de bois. Pas d'erreur possible, un navire avait coulé près des côtes normandes. Impossible de savoir qui il était, et il ne fallait attendre aucune information de l'amirauté locale, occupée à mirer son nombril.

Dans l'aube naissante, elle saisit la besace enfantine, prit la main de sa fille dans la sienne et remonta la plage. Au bout du sentier, une auberge accueillante leur servirait une collation copieuse. L'air de la mer, qui faisait danser leurs cheveux, apportait des rumeurs et des senteurs salées, riches et généreuses. Les Irlandais étaient à nouveau sur le pied de guerre, menaçant le monde entier. Des flottes de guerre traversaient la Manche sans que les vigies les suivent. Des pirates réglaient leurs comptes au nez et à la barbe des normands. Tout allait bien.... La main entourant la menotte de sa fille, elle éclata de rire.

Harpege a écrit:[ Bayeux, ou le désert normand – premier jour de septembre ]

La soirée à Avranches fut animée et gaie. La ville lui plaisait décidément. Ses habitants avaient une forte tête, et beaucoup de cœur. A la frontière et perpétuellement en alerte, ils maintenaient chaleur et joie de vivre dans une petite cité dynamique. Aussi, réchauffée des rires autant que des boissons, prit-elle la route en souriant, scandant le trot des chevaux d’une chanson à hâler.

Quitter la mer n’était plus le déchirement d’autrefois. Elle percevait son souffle par la brise, devinait les longues ondulations de la houle et le chant des vagues. Cette mer qui lui avait tout pris, à moult reprises, et tant donné à d’autres moments. Cette mer qui lui apporterait cette fois, peut être, le plus doux des présents, si les Dieux des vents et des vagues le voulaient. Peut être faudrait-il leur offrir un sacrifice ? Cette idée lui trotta dans la tête tout le long du chemin, tentante….

A Bayeux, trouver une auberge fut aisé. Une fois chevaux et hommes reposés et nourris, Harpège partit explorer la ville.  Déambulant dans les ruelles vides, elle laissait son esprit vagabonder, se remémorant en souriant le début de cette histoire. Si tant est qu’il y eût un début. Un messager lui transmit un message laconique « Il est prêt ». Elle commença par pousser de hauts cris, typiquement fumelins, "aaaaaaaaah mais moi je ne suis pas prête ! Je n’ai pas ce qui m’est demandé ! Nous manquons de tissus, de matières premières, de vivres, de tout !" Pour, au bout de longues minutes de dénégations, sous l’œil ahuri du messager, coucher sur le vélin un simple « j’arrive ». Et renvoyer le messager.

Mais pour arriver, il faut partir. Et cela semblait bien compliqué cette fois…..



Floriantis a écrit:[Rouen p’têtr’ ben qu’oui]


Si on partait prendre l'air et tout ce ciel qu'on a perdu
Où la beauté nous appartient
Où le silence nous plaît bien *


Des bonbonnes pour quoi faire si on vous le demandait vous montreriez votre ignorance. C’est que le blondinet, foncé d’accord mais blondinet au fond de lui, avait des idées bien à lui forcément et des réactions qui si elles étonnaient celles et ceux qui ne le connaissaient pas, faisaient soupirer les autres. Comprendre l’Alcapari, Floriantis de son prénom c’était comme essayer de comprendre pourquoi des curés sensés précher l’amour des autres, agissaient en contraire. Et c’est donc en veillant à ce que quelques bonbonnes soient rangées correctement dans sa charrette qu’il répondait plus ou moins vaguement, et plus plus que moins à l’homme à ses côtés.

j’aim’ bien les bonbonnes et puis j’vais y mettre de l’air
de l’air ?
oui j’aime l’air aussi
il aurait bien rajouter l’air de rien mais pas sûr que le bougre le comprenne. Voir plus haut.

La Normandie.
Il y serait passé.
Un Duché de plus à mettre dans sa besace, un Duché de plus où il pourrait se souvenir de ce qui avait été. L’Université et l’aide de la rectrice à qui il devrait d’ailleurs écrire, et grâce à qui il avait pu donner ses premiers cours d’Astronomie mais trop peu pour en vivre et arriver à concrétiser son rêve, acquérir un bateau.  
Mais la Normandie resterait toujours pour lui, cette chance qui lui avait été donnée de faire ses premiers pas de moussaillon et cette proposition d’entrer à l’école navale afin d’y acquérir les connaissances nécessaires à sa passion. Il en avait réalisé une petite partie pour sa plus grande fierté et le parchemin avait rejoint son coffre aux trésors, en attendant de pouvoir continuer à apprendre dans ce lieu qu'il aimait.
Lorsqu'il pensait à la mer, il lui semblait qu'elle l’avait toujours fait vivre et une pointe de nostalgie se faisait sentir lorsqu’il pensait à la Bretagne et à sa bâtisse, non loin de cette mer qui frappait les rochers, dessinait ses bouquets d’écume qu’elle propulsait vers le ciel et la côte, faisant entendre son chant colérique tandis que le vent balayait les rochers et la lande. Combien de fois s’était il assis sur ce rocher plat qui dominait la petite falaise à laquelle il accédait par une sente non loin de sa bâtisse. Combien de fois la capuche de sa cape rabattue laissant à peine entrevoir son visage l’avait elle protégée tandis que le gris de ses pupilles fixait la danse des vagues, ses bras repliés autour de ses genoux sur lesquels il posait son menton. La mer… il avait aujourd’hui la certitude qu’il ne pourrait jamais vivre trop loin d’elle et que faute de l’avoir devant les yeux, un port lui serait nécessaire pour ne pas couper ce cordon qui le reliait à elle.
Il y avait eu Nevers et son passage en tant que Chef de port, et puis la Bretagne avait fini d’ancrer en lui ses rêves après quelques mois dans une Garde Episcopale dont les dirigeants étaient bien plus préoccupés par leur propre ascension, que par leurs gardes. Mais il fallait faire des erreurs afin d’avancer et de ne plus les refaire.
Et puis tout n’avait pas été négatif, puisqu'il avait gardé de ce passage à la GE une amitié indéfectible pour Asphodelle, et quelques amis assimilées à sa famille, restées en Bretagne. Le chargement achevé il se libéra de quelques écus et partit à la recherche de quelques tonneaux.

Il ne savait s’il devait sourire où froncer les sourcils en accompagnant d’une petite moue boudeuse, les mots qu’il lisait.
A vivre seul, il en oubliait parfois que le monde existait et que ce monde était peuplé d’autres.
Il devrait donc se faire une raison, il y avait des autres, il n’était pas seul.

Il avait dit oui.
Ce serait mentir de dire qu’il n’avait pas hésité quelque peu en pensant au port et à ses projets, mais il avait dit oui. Pas pour un mariage, non non, mais pour un voyage, et si les mots rimaient, la finalité en était tout de même différente. Ses projets étaient toujours là, et ça ne serait qu'une question de temps et d'endroit pour leur donner suite. Et comme rien ne se faisait vraiment comme on le souhaitait bien souvent, enfin surtout pour l'Alcapari, les dispositions de départs avaient subi quelques aléas et retard dûes à sa blondeur foncée.

Mais promis, ils arrivaient que ce soit par la "drouët ou la gouache". 



 
* Calogéro – prendre l’air

Harpege a écrit:[ Honfleur la belle.... au bois dormant ]

Tu vois les rides là bas ? oui là, suis mon doigt, tu les vois ? Plisse les yeux si le soleil te gène. Vois, l'onde frissonne et se trouble, ne reflète plus le ciel, toute occupée qu'elle est du vent qui la tourmente. C'est ainsi que tu repéreras, sur l'étendue liquide, les endroits où le vent sera propice à ta progression. Pousse toujours ta voile vers ces zones, et le vent t’amènera au bout du monde, car juste au bord des petites rides, il est plus fort et plus malléable à la fois.


Assises sur le sable à peine sec, au milieu d'un trésor de coquillages, armées d'un navire miniature en bois flotté, mère et fille devisaient. Enfin, l'une causait et l'autre babillait en faisant semblant d'écouter. Et se rapprochait innocemment de la belle lunette en laiton, dans son sac de cuir fin et brodé, qui ne quittait jamais Harpège.

Le four avait été allumé, l'on entendait de la forge les bruits rassurants du marteau, le moulin tournait, les gens s'affairaient à emplir des saucisses, les herbes séchaient, les jambons étaient fumés en prévision du départ, on ne sait quand, mais les rues d'Honfleur étaient vides aussi Harpège s'était elle dirigée vers la plage. La mer était calme, propice à discussion décousue, comme elles en avaient parfois toutes les deux. Voyager, sur mer ou à terre, avait pour elle un attrait infini, surtout parce qu'on ne sait jamais de quoi la journée sera faite. Celle ci sera d'attente patiente et d'ouvrages écris finement. Et de babillages.


Regarde, le vent gonfle la voile et emmène le bateau par là doigt tendu vers l'esquif qui s'esquivait à toute voile mais sa quille le freine et finallement il va à peu près où l'on voulait qu'il aille. Regarde pataugement et éclaboussures pour récupérer l'esquif filant à l'anglaise si je serre un peu les voiles, il ira moins vite.... à  toi.

Abbie a écrit: Les adultes ils sont gentils mais ils vous font des cadeaux et ils jouent avec ! Toute la soirée j'ai attendu mon bateau ! Il est beau avec un mât et une voile et une belle quille rapide et les poulies et les gré...gréééé gréments et même un gouvernail en fer que Dagda a forgé expeuprès et voilà qu'elle me le colle à l'eau sans me laisser l'admirer !

Namého !

ma maman, desfois, elle exagère !

J'abandonne la lorgnette qui brille, même si elle est super parce qu'on peut mettre un bateau dedans. Jamais compris comment il entre dedans, même en démontant la lorgnette, mais elle est super. Je fonce derrière le bateau qui se carapate, je savais bien qu'il fallait lui mettre une ancre ! Je patauge  dans les mini vagues, le sable se sauve sous mes pieds, je trébuche, ça fait "plouf" et une grosse vague qui chasse le bateau.

n'importe quoi ces cours, c'est pas le vent qui pousse le bateau, c'est les vagues ! Je me mets à nager, je nage comme un poisson il parait, moi je trouve que ça ressemble plus à un petit chien, mais bon, tant que ça avance. Plus j'avance et souffle sur le bateau, plus il se sauve. Mouais, le vent marche un peu aussi.

Finalement, je mets la main dessus, et tant pis s'il embarque un peu d'eau, je le remorque au sec.


et voualaaaaaaaaaaaa ! le pirate a repris son bateau !

Dagda a écrit:[ Honfleur, 5 septembre 1461 ]

quel bric- à-brac ! Fourbi ! Désordre ! Entassement d'affaires pèle mêle !

au milieu des caisses et des paquets, Dagda courrait en tous sens, houspillant les braves marins qui chargeaient le chariot.
Nooon ! les armes anciennes au fond, cachées sous les chiffons ! Droits les tonneaux ou ils rouleraient hors du chariot !

Et les fruits ! Mais mettez les fruits au dessus ou ils arriveront en purée ! Pas à côté des poissons voyons !


malgré le tohu-bohu, elle haussait la voix pour se faire entendre. En vain la plupart du temps, aussi le chariot fut il chargé et déchargé moult fois. Elle ne s'estima satisfaite qu'une fois tous les marins épuisés, mais le chargement solidement arrimé.

Le chariot empli, encore fallait-il atteler les mules. Ce qui ne se fit pas sans difficultés et désordres, l'attelage Roergat suffisant à peine à ébranler le lourd fardier. Il eût fallu des bœufs normands, mais Harpège les avait en horreur et avait fait abattre tout le troupeau, sous prétexte qu'elle n'aimait pas les lunettes myopes. Dagda aurait préféré l'attelage de  mules normandes, plus fourni, mais ce dernier était en Angleterre et il n'y avait pas moyen de l'attendre.

Suante et rouge, elle se hissa sur le siège
Parés Capt'n ! J'ai renforcé l'essieu, nous ne perdrons pas de roue cette fois !

Harpege a écrit: [ Honfleur tu deurs, 5 septembre ]

La jument encensait d’impatience....

Ce qu'Harpège préférait dans les voyages, sur terre comme sur mer, était qu'on n'arrive jamais où l'on a prévu d'aller, et que les événements, comme les vents, semblent se liguer pour vous pousser par les chemins de traverse. Chemins qu'elle adorait positivement.

Sur mer, ils sont plus difficiles à trouver, c'est un fait.

Chaque nouveau départ est une merveille d'inattendus, de promesses de découvertes, de surprises et de rencontre fortuites. Chaque départ est semblable au précédent, au point d'avoir la vague impression de recommencer, encore et toujours, une histoire déjà vécue. Mais très vite, tout change, ainsi que la mer peut virer tempête sans prévenir ou s'accalmir des jours entiers.

Il faut avouer que voyager avec Dagounette limitait l'imprévu. Persuadée que cette dernière allait râler, voire reconstruire le chariot, prévoir chaque étape et contacter tous les maires sur la route pour emporter exactement ce qu'il faudrait vendre, Harpège avait choisi de voyager sur sa petite jument et de flanquer le chariot. Brave, solide et rustique chariot, avec ses sempiternelles mules, encadré par deux chevaux, et plein, plein à ne pas ajouter un chat.

Abbie, plus grosse qu'un chat, devait rester un peu en arrière. Dagounette râlait, SB se taisait, la jument encensait et Harpège aurait juré avoir entr'aperçu un sourire dans la gent féminine qui égayait le petit groupe.
Hervald a écrit:[ En Alençon, pendant une demie-heure "quartier libre"]

Septième journée de septembre. Déjà bien des jours que la grande équipe était partie de Rouen, et pourtant le Blackney ne se faisait pas beaucoup d'amis parmi ses compagnons. Ils étaient pourtant bien sympathiques et mêmes rieurs, mais que voulez-vous...les habitudes sont rudes et l'héritier du Chat était habitué à la profonde solitude.

Le jeune homme n'avait pas contribué à surcharger le convoi, car il ne possédait rien. Sauf une bourse remplie d'or. Combien, vous ne le saurez pas, mais assez pour subvenir à ses besoins pendant longtemps. Et surtout assez pour faire quelques emplettes s'il voyait un beau gilet d'automne au marché. C'est au départ dans ce but qu'il avait profité d'une pause collective pour aller se promener dans Alençon, qu'il connaissait bien pour y avoir passé plusieurs semaines par le passé. Il aimait surtout le paysage de cette ville, à la fois simple et animée. Les Alpes mancelles, toujours verdoyantes vu la pluie qui s'abattait à l'année ici, trônaient en direction du Sud, et c'est d'ailleurs par là que le groupe se dirigeait. Hervald le savait, ils allaient sans doute prendre la route qui longeait la Sarthe, rivière paisible et si agréable, et cela pour arriver jusqu'au Mans. Longer la Sarthe à partir d'Alençon permettait d'arriver jusqu'à Angers, sans se perdre. Et c'est dans la cité angevine que la fluette Sarthe se perdait dans l'immense Loire. Ils allaient passer par de tous petits bourgs, traversant les terres de certains Seigneurs du Maine. Tout voyageur ayant parcouru la région avait déjà foulé les pavés de Fresnay-la-Fleurie, fièrement debout au pied de ces petites Alpes. Et que dire de Beaumont avec sa belle Eglise et son pont aux arcs si particuliers?

Hervald aimait cette région, et y avait appris beaucoup de choses utiles pour le quotidien d'un homme seul. Les prochains jours s'annonçaient donc très bons, si le soleil reprenait ses droits. Et même s'il pleuvait, au diable les vêtements humides, il fallait bien avancer vers ce Sud brûlant que le défunt Padre adorait.

Et le gilet dans tout ça? 

Harpege a écrit:[ Neustrie, 8 septembre ]

Tête nue sous la bruine, et tant pis si elle frise, Harpège distinguait les murailles de la capitale de la Neustrie, croisée dans la douceur blafarde de l'aube. L'on ne s'arrêterait pas, ainsi en avait décidé le poète en tête du convoi.

soupir.

tant pis, point de visite au menhir millénaire, ni de réflexion profonde sur la raison ayant poussé ce peuple fier à peindre ses murailles, ni de flânerie en les marchés de la basse ville pour dénicher un colifichet ou un tissu chatoyant. Sans doute avait il raison, ce poète, la bourgade, située entre l'Anjou frondeur et la Normandie qu'elle ne supporte pas, était souvent l'objet de légères agitations.... Ne disait on pas que « La ville du Mans, enragée comme une chienne, est très ancienne et son peuple, toujours à la révolte contre ses maîtres, est insolent et sanguinaire  » (Orderic Vital, Historia ecclesiastica, Livre IV, XIIe siècle).

Il bruinait mais promis, Harpège n'avait pas chanté. Ni même chantonné ou sifflé. Ses étranges compagnons de route n'incitaient pas aux expansions vocales. Monseigneur se taisait, plongée dans ses réflexions. Dagounette aussi, mais du moins cela évitait les grommellements. SB n'ouvrait généralement pas la bouche, et Ariot avait à peine osé deux questions impertinentes. Elle posa ses yeux rieurs sur le poète en tête et l'étrange écuyer qui chevauchait à leurs côtés. Leur silence l'intriguait vaguement, même si cela changeait agréablement des sempiternelles vantardises des escortes habituelles.

Même les irlandais chantaient leur sempiternelle complainte. Tout cela était d'un lassant, mais d'un lassant, aucune imagination de ce côté là..... Seules les nouvelles en provenance de la mer réussissaient à faire sourire Harpège. Elle approcha sa jument de la monture de Monseigneur et osa la tirer de ses pensées profondes.


ahem, heuuuu, dites, éclaireriez vous ma lanterne ? je suis aux prises avec un souci métaphysique que je ne saurais résoudre seule....

Floriantis a écrit:[ Même jour, même heure, même endroit ]

 Se canta, que cante, canta pas per ieu
Canta per ma mia qu’es al luènh de ieu
*

Lui, il chantonnait doucement dans sa barbe de deux jours, jetant de temps à autre un coup d’œil furtif vers ses compagnons d’aventures, laissant s’afficher un petit sourire lorsqu’il croisait quelques pupilles. Son côté sauvage s'était légèrement accentué  depuis leur départ. On s’éloignait de la mer et il n’aimait pas ça. Mais d’un autre côté, à part longer la côte il avait bien peu de chance de la voir. Il en voulait donc au moindre monticule, au moindre rocher qui se dressait devant lui et l’empêchait de pouvoir apercevoir encore cette étendue qui disparaissait à l’horizon et qui donnait une impression d’infini.
Et cette chanson apprise en Béarn lui était revenue à l’esprit.


Aquelas montanhas que tan nautas son
M’empachan de veire mas amors ont son **


 Abandonnant quelques instants sa ritournelle, il se tourna vers le groupe qu'il observa quelques secondes, gardant les rennes dans sa main gauche tandis que la droite prenait appui sur la croupe de Nash. Seuls les sabots des chevaux et le frottement des roues des chariots sur le chemin troublaient le silence qui entourait le petit groupe.
Après avoir laissé ses prunelles se poser sur le chariot où il avait glissé quelques tonneaux parmi ses affaires, il reprit sa position, posant son regard au devant d'eux.

Honfleur était loin derrière eux, le Sud se rapprochait et il ne savait pas s’il en était pour autant rassuré, même s’il aimait cette mer déjà aperçue lorsqu’il vivait dans le sud, avant qu’il ne doive remonter en Champagne pour sa sœur.

Il fronça les sourcils à cette pensée, tandis qu'il entendait la voix d'Harpège, et se remit à chantonner doucement.
Un semblant de bruit, une discussion qui venait égayer le chemin. Ce soir ils feraient halte dans la campagne, peut être auraient ils la chance de trouver l'une de ces auberges qui bordaient parfois les chemins et accueillaient les voyageurs.



* Se canto chanson traditionnelle
** Ces montagnes qui sont si hautes
M’empèchent de voir où sont mes amours
Avell a écrit:[ Honfleur, équinoxe d'automne]

Tourbillon de jupes colorées, jurons du sud, grands gestes, fouet claquant au dessus de leurs oreilles, rien n'y fit. Les mules normandes qu'on avait laissées à Avell n'avaient vraiment pas le pied marin et il fallut leur bander les yeux et les haler pour leu faire franchir la passerelle.

Avell eût le temps de regretter, ô combien, son fier attelage de mules rouergates. D'autant que les normandes devaient être sourdes comme des pots, que rien ne ressemble plus à une mule blanche qu'une mule blanche, et qu'elles avaient un caractère de mule allié à une obstination toute normande.

Rouge, échevellée, ses jupons de travers, Avell finit par les aligner à peu près devant un lourd charrois, et s'écroula plus qu'elle ne monta sur le siège du conducteur. Le temps de rédiger une brève missive...

Toute doucé

j'é tout chargé dans le chariot, les voiles, le whisky, le vin, le pain pour le Roergue, ta fille, et réussi à mettre lé mulés dévant ce chariot. Jé crois qu'on va pouvoir partir, admire, nous partons avant l'hiver.

Tu m'auras tout fait faire, mé jé crois bien que remplir ce chariot aura été la chose la plus difficile que j'é faite !
Avell

Ce qu'elle aimait chez Harp', finalement, c'é qu'on ne s'ennuie jamé. Mé cette fois, l'idée d'aller chercher du whisky tout au nord pour lé vendre loin au sud frôlait la folie douce. Eclatant de rire à l'idée des gens croisés en route, Avell ébranla le chariot en chantant à tue tête

Quinze marins sur le bahut du booooord
Yop la ho une bouteille de rhuuuuuum
A boire et le diable avait réglé leur sooooort
Yop la ho une bouteille de rhummmm....



[Bonjour, bonjour,
Merci de citer la source de la chanson citée dans  votre RP comme cela est stipulé dans les Règles d'or du Coin des aRPenteurs.
Bon jeu et bon RP.
Modo Eden]


[chant traditionnel de marins, que l'on retrouve avec bonheur dans les recueils de Bernard Loffet,  Michel Tonerre, Yannick Le Bris ou celui des Caphorniers]

Harpege a écrit: [ Rodez, premier jour de l'automne ]

Harpège regardait, désolée, le morceau de vélin ensanglanté qui pendait lamentablement à la patte du défunt oiseau, le détacha sans trop de tacher les doigts et abandonna le tas de plumes au prédateur piaillant qui le lui avait apporté.

il allait falloir penser à trouver un truc, le faucon abîmait vraiment trop les pigeons, impossible de les faire cuire ensuite. Peut être prendre des cours de fauconnerie ? Mais elle ignorait totalement qui en dispensait, à part un normand à l'entendement limité, et elle n'avait pas grand' envie d'aller l'écouter.

peut être faire porter les messages par des pages ? mais ils volent bien moins loin que les oiseaux. Celui qu'elle avait vu voler le plus longtemps n'avait parcouru que la hauteur du grand'mât, et encore dans le sens de la descente, cela est de peu d'utilité. Songeuse, elle examina la missive, reconnut l'écriture d'Avell, sourit, Avell n'écrivait que quand tout allait bien. Elle fit un rapide calcul mental, en passant par Strasbourg, la caravane menée par la rousse arriverait juste quand elle même serait au bord de la Mare Nostrum. Timing parfait. Aussi rangea t elle la missive dans un cylindre, avec tant d'autres, parsemées de taches brunes et agrémentées de plumes.

Les hirondelles s'assemblaient sur les cheminées et au faite des arbres. Harpège les regarda virevolter en souriant, dans le nord elles étaient parties depuis longtemps et avec elles l'été et la chaleur. Rodez la rocailleuse étendait devant elle ses rues tortueuses, toutes de pierres sèches et d'odeurs âcres sous un soleil de plomb. En Rouergue, même les cailloux râlent et grognent, mais elle y avait des amis de toujours.... Elle partit d'un pas guilleret vers le premier estaminet.

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