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[FOE] RP - N'oublie jamais qui tu es

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Message  Admin Dim 27 Juil - 20:42

Préface a écrit:Préface.

Ce RP est encore en écriture car je l'ai abandonné sur FOE où je vais très très peu et plus du tout sur forum.

Il a d'abord été commencé sur Leelh, en septembre 2010, un jeu post apocalyptique avec une interface 3D. Jeu définitivement fermé depuis 2012 environ.
Cette histoire était un mélange de deux "journaux de bord" celui de Florys et de Sharka.
Et puis avec l'accord de ljd FLorys, je l'ai arrangé pour en faire un rp sur FOE mais par manque de temps je l'ai un peu abandonné.

Je le continuerai donc librement ici, à mes moments perdus, juste pour le plaisir d'écrire et parce que j'ai envie de terminer cette histoire dont j'ai tracé globalement la trame depuis l'été 2012.

ljd Floriantis





Balian a écrit:   25/09/2012 16h42


[HRP :  RP fermé, si désir de participation, me mp. Simple rp sans prétention juste pour le plaisir d'écrire, mais j'écris lentement.]  



Il était une fois... les histoires commencent toujours ainsi. Celle-ci n'échappera pas à la règle, et se déroule dans une époque lointaine, à l’ère où les flèches croisaient bien plus souvent les hommes que le gibier, et que seule notre imagination connaît dans le moindre détail. Elle se déroule avec des retours arrière. Ne cherchez pas la faille, ne cherchez pas le caillou qui dissociera l’imaginaire de l’histoire et de la réalité, les chemins en sont jonchés.



[Retour arrière]


Il fait sombre en cette fin de jour lorsque le ciel se déchaîne. Un éclair qui le déchire soudain, laissant apparaître quelques instant les sombres nuages qui s’amoncellent dangereusement, s'agglutinent pour former une énorme masse noire menaçante qui vient recouvrir les toits de chaume et semble venir peser tel un lourd manteau de mort. Le fracas du tonnerre transperce le silence et le fait exploser en mille morceaux, s'éparpillant aux alentours, semant la terreur dans les yeux des gamins accrochés à leurs mères qui les emportent vers des abris de fortune, tonnerre qui clame son chant déchirant dans le vide de la nuit.

La peur.

Des cris, des pleurs, des bruits de course sur les cailloux qui parsèment le chemin qui mène au village, des bruits de lames qui s'entrechoquent, des bruits de corps qui tombent à terre tels des pantins désarticulés, laissant leurs empreintes dans la boue. Le vent qui se lève et souffle en rafales attisant les feux qui surgissent sous les toits, lèchent les murs de bois et les poutres pour engloutir lentement et férocement les habitations et les occupants qui n’ont pas le temps de fuir.

Le chaos.


- fuyez !!! hurle une voix dans la nuit

 Il n'est encore qu'un enfant mais il connaît l'odeur de la mort, la senteur pestilentielle de cette faucheuse qui court, avide, parmi les siens et leur retire le moindre souffle de vie pour les entraîner de force avec elle dans les ténèbres et le néant desquels ils ne reviendront pas.


- fuyez !!!

Il connaît pourtant ce mot hurlé si souvent, et il court, avec toute la force que peuvent lui donner ses petites jambes de dix ans. Il court à perdre haleine entre les frêles bâtisses, glisse dans cette marre de boue qu'est devenu le sol de leur village et qui lui barre le chemin, se retrouve la face contre terre. Il se relève, épuisé, sa maigre tunique de lin pendant comme si elle voulait le retenir de son poids qui ne fait que croître sous le déluge. Il reprend sa course, jette des regards emplis de terreur autour de lui. Il ne se retourne pas, il fuit ceux qui ont envahi son village, il fuit la rivière et son pont de bois, il fuit cette voix qui hurlait son nom et que les abysses du courant tumultueux ont emportée. Les paroles de son père reviennent en sa mémoire tandis qu'il se met à genoux, tentant de se relever une fois encore de ce chemin boueux dans lequel il s'est perdu et a chuté.

"tu reconnaîtras la Mort à son grand manteau Noir...
et si par malheur elle s'arrête devant toi, surtout ne la regarde pas,
... ne la regarde pas..."
  *

Il ne peut pas s'empêcher pourtant de lever les yeux sur la silhouette sombre encapuchonnée qui se tient debout devant lui, la main tendue. La mort vient le prendre, pourtant il lui avait dit de ne jamais la regarder..."ne la regarde pas, ne la regarde pas..."

Mais il ne peut détacher son regard de ce visage qu'il n'arrive pas à distinguer sous la capuche et l'obscurité qui les gagne peu à peu, tandis que l’eau ruisselle de son front sur ses joues voilant son regard. Il s'agrippe pourtant à cette main qui vient d'attraper la sienne, le relève sans ménagement mais pourtant avec une douceur que seule sa mère pourrait avoir avec lui, et l'entraîne avec elle au milieu des cris. Où est elle et où sont ses soeurs ? Le souffle court, ses pieds malhabiles seulement protégés par de misérables sabots, survolent à peine le sol, tant elle l’emporte avec force. Ou peut être, est ce cette terreur qui s'est emparé de lui et lui broie le ventre, qui le fait s'accrocher désespérément à cette main de la providence qui le tire encore et encore. Il aimerait lui dire de s’arrêter, qu’il n’en peut plus et qu’il a mal partout. Et puis les voix de ses soeurs qu'il reconnaît pendant leur fuite.


- Bal dépêches toi les autres sont devant !

Se dépêcher alors qu'il a l'impression que ses jambes ne lui obéissent plus.

- j.. j'peux pu … suis.. fa…

Où sont elles ces voix qu'il connaît et qui le rassurent. Elles s'éloignent par moment pour revenir plus près, jusqu’à sentir leur souffle. Une course folle qui continue, sa poitrine va exploser, son cœur va se déchirer tant l'air lui manque. Il voudrait hurler sa peur, il n'arrive qu'à ouvrir la bouche d'où ne sort plus aucun son. Une chute l'arrête une fois encore lui faisant lâcher la main. Ses braies ne le protègent plus du froid de cet automne et de l'eau qui semble pénétrer le moindre de ses os. Son visage à nouveau dans la boue qui se mêle aux larmes de détresse qui coulent comme des ennemies perfides et qui se mêlent à la pluie. Ces bras puissants et protecteurs*qui le relèvent encore, ces voix de femmes mélangées autour de lui.

- dépêchez vous il faut atteindre les bois
- Bal n'en peut plus
- il faut fuir !


Sa tête qui tourne lorsqu'on le remet debout, flageolant, ces deux bras étrangers qui l'attrapent et le portent comme un vulgaire fétu de paille. Ballotté, il a l'impression que son petit corps est brisé en mille morceaux. Sa tête lui fait mal, ses yeux se ferment doucement pendant que la course folle reprend et continue et que le vacarme s’estompe peu à peu. Et puis au milieu cette terreur qui lui a prit le corps, le parfum de celle qui l'emporte et la douceur de sa joue contre la sienne lorsqu'elle lui murmure : "tiens bon on va se sortir de là".

"Jamais il n'oubliera l'odeur de ce parfum et la douceur de sa peau, tandis qu'elle l'amenait vers la vie. "  *

Et puis dans un fracas de tonnerre plus violent que les autres qui déchire la nuit, il ferme les yeux, se noie sous ce grand voile noir et épais qui vient se poser sur lui.


__________________
*  Film "Pourvu qu'elles soient douces"      


Balian a écrit:[Des années plus tard... un village bâti au cœur de la forêt]


Balian se redressa d'un coup, réveillé encore une fois en plein cœur de son sommeil, par ce dernier coup de tonnerre dont ses cauchemars devenaient bien trop souvent le refuge depuis quelques mois. Il ne comprenait pas ce qui se passait et pourquoi ces étranges rêves qui revenaient et le laissaient chaque fois essoufflé et le front ruisselant. Les années s’étaient écoulées depuis cette nuit d’orage, égrenant leurs mois et leurs saisons et l’avaient vu mûrir doucement après l'avoir vu grandir et devenir un gars qui avait atteint les vingt cinq printemps. Le temps était aléatoire, il ne le comptait pas vraiment, ou plus.

Sa respiration d'abord rapide se calma doucement tandis que ses prunelles grises scrutaient la pénombre de la pièce, avant de se diriger vers le pâle rayon de lune qui filtrait au travers des arbres bordant la bâtisse, et qui venait diffuser à travers la seule fenêtre de la chambre, ses petits particules qui dansaient en de folles valses microscopiques. Un froncement souleva légèrement ses sourcils, et il quitta la couche en désordre pour venir appuyer son front encore transpirant contre le froid du carreau, les yeux fermés, savourant quelques secondes le bienfait de sa fraîcheur, avant de poser son regard sur les feuillages qui dansaient doucement.

La silhouette de l’homme était de celles que les travaux à la forge et les batailles avaient développée harmonieusement et modelée en puissance, sans pour autant que l’on se trouve devant un de ces géants à musculature bien trop impressionnante pour qu’on le provoque bêtement. Il ne devait pas dépasser les six pieds de haut*. Chez lui, la puissance ne se voyait que si l’on se frottait à lui, et l’on découvrait en face de soit un combattant aguerri au maniement de la lame. Ses traits étaient fins et réguliers malgré un visage qui accusait la fatigue des nuits de veille, et sur lequel une barbe de deux jours s’amusait de temps en temps à en cacher les détails. Il était de ces forces tranquilles qui surprenait bien souvent ceux qui avaient la malchance de l'affronter.

La nuit s'était posée depuis de nombreuses heures sur la bâtisse située à quelques pas du chemin, non loin du cours d'eau qui s'enfuyait sous les arbres offrant une protection naturelle au village. Après avoir franchi le goulet entre les deux montagnes, le voyageur arrivait à l'entrée d'une vallée qui s’étendait encore de nombreuses lieues après le village dont on apercevait les premières demeures si l'on faisait quelques dizaines de pas après la bâtisse. Seuls quelques bruits de sabots venus de l'écurie qui s'appuyait sur l'un des murs, laissait sous entendre que les lieux étaient habités si l’on approchait.

Pourquoi ce cauchemar revenait il sans cesse ? Il avait l’impression d’une mise en garde à chaque fois, comme si là haut, quelqu’un voulait lui rappeler quelque chose qu’il aurait oublié, ou enfoui à jamais au plus profond de son esprit. Toujours le même rêve... cet orage et ces cris, ces pleurs et ces bruits de lames, cette ombre encapuchonnée et cette course interminable. Il se souvenait de cette nuit où son père avait disparu pendant les combats, comme on le lui avait raconté. Mais que s'était il passé vraiment pour qu'elle revienne sans cesse à la charge ? Si les souvenirs de son enfance et des jours passés auprès des siens, étaient encore présents en sa mémoire, il n'avait aucune souvenance précise de cette nuit là, hormis des brides et des images qui revenaient sans vraiment qu’elles puissent se mettre correctement les unes à la suite des autres. Il avait posé moult questions, il n'avait obtenu que réponses évasives. Personne ne savait ce qu'il s'était vraiment passé, ou du moins se gardait on bien de le lui dire, et les mois s’étaient succédés recouvrant le secret de cette nuit d'orage et de combats.

Abandonnant le mouvement des arbres il se dirigea vers la cuve remplie d'eau fraiche et s'en aspergea le visage. Comme à chaque fois, il allait sortir et s’assurer que nul danger ne menaçait le village. La paix si fragile était restée bien trop tranquille depuis des mois pour qu’il en soit rassuré.



*moins d'1,80 m


Balian a écrit:
[Quelques semaines auparavant, à quelques lieues du village ]


Cela faisait quelques jours que l’envie d’aller débusquer quelque gibier trottait dans la tête du jeune forgeron. Il avait donc profité de sa présence pour deux jours au village situé à quelques lieues du sien, afin d’aller y chercher  vivres et fournitures, pour arpenter les chemins alentours, son arc accroché à la selle d'Altaïr. S'il était habile au maniement de l'épée, il n'en était pas moins habile à celui de l'arc, arme que lui avait fait découvrir sa mère dans sa plus tendre enfance.

Ce matin là il fait assez froid quand il quitte l’Auberge pour une ballade. L’automne surprend parfois à déposer sur la nature des journées bien plus fraiches que les autres, peut être pour que l’on s’habitue aux rigueurs de l’hiver qu’elles annoncent. Le charpentier chez qui il vient de commander quelques objets, n’aura fini son ouvrage que dans la soirée et il dispose donc de temps pour pratiquer ce qu’il aime, une excursion en pays presque inconnu.
Sa cape équipée d'une capuche recouvrant sa veste chaude enfilée sur sa chemise de lin épaisse, ses gants de peau pour le protéger du froid, le ceinturon de son épée lui aussi accroché à la selle pour être libre de ses mouvements, il prend la direction du chemin qui part vers son village, et qui longe les bois parallèles au cour d'eau, avec pour seule compagnie, le bruit des sabots qui martèlent doucement le sol encore humide de la pluie qui tombe depuis deux jours par intermittence.

Il s'est arrêté au détour du chemin. Regard gris qui fixe droit devant lui à plusieurs dizaines de pas. L’étalon renâcle tandis que le jeune gars caresse doucement son encolure en murmurant.


- tout doux….  regardes moi ça là bas…
une belle famille de cochons sauvages… et à portée de mes flèches.


Sans quitter le gibier des yeux, il fait glisser sa capuche en arrière, saisit son arc et attrape un trait dans son carquois accroché à sa selle. La flèche encochée, sa main tient l’arc avec souplesse mais sûreté, ses doigts ramènent doucement la corde vers sa joue où comme souvent une barbe de deux jours cache la régularité de son visage. Concentration de quelques secondes avant qu’un bruit sec accompagne la course du trait vers l’animal le plus petit lorsqu’il lâche la flèche.
Panique dans la famille des cochons qui prennent la poudre d’escampette. Mais le dernier traîne, il l’a touché. D’un geste rapide sa main replace l’arc, pour le remplacer par les rênes qu’il maintient un instant le temps de suivre la direction du petit troupeau affolé qui s’élance en suivant le chemin droit devant eux.

Un petit sourire, sa main relâche enfin les rênes, ses jambes se serrent à peine… l’étalon bondit et se lance au galop. La battue et les premières foulées arrachent du sol des petits cailloux qui s'éparpillent sur les côtés.


- YYEEAAARRRR…Allez mon beau…Va !

Le rythme des sabots qui frappent le sol encore froid s’accélère. Tel une arme secrète, l’animal déploie tout son pouvoir ; ses foulées sont incroyablement longues et rapides. Grand galop, vent dans le visage et dans les cheveux, sourire insatiable de plaisir du cavalier, sans quitter les fugitifs des yeux. Ils disparaissent au virage que fait le chemin au devant d’eux.

Balian se redresse légèrement, tire doucement les rênes vers lui pour faire ralentir sa monture qui ne semble pas spécialement d’accord après avoir goûté à ces quelques minutes de liberté. Devant, le chemin... sur la droite, une sente qui serpente entre les arbres pour rejoindre le chemin un peu plus loin en contrebas, et que l’on aperçoit à travers les minces branchages.. Il  fait pivoter Altaïr sur lui-même. Le cheval a senti son cavalier prêt à redonner le signal du départ, et piaffe.
Les yeux rivés sur la sente, un petit sourire qui s’affiche sur le visage du jeune guerrier… à nouveau un tour sur lui même. Une fraction de seconde avant de lâcher sa monture et la laisser bondir de plus belle pour foncer vers le sous bois.
Il faut accélérer car ces sales bestioles courent très vite . Tout en laissant Altaïr exploser d’énergie, le jeune gars gère sa trajectoire. Il le retient un instant pour contourner quelques troncs d’arbres avant de le laisser s’échapper à nouveau, encore plus puissant. Il ne fait qu’un avec lui, malgré les branches basses, les tours, les détours, il semble collé à sa selle et ne se fait obéir que des mains et des jambes par l’étalon.

Un juron lui échappe alors qu’il recommence à pleuvoir, une petite pluie fine et froide qui va effacer les traces des fuyards. Jubilation du cavalier quand il aperçoit le chemin à portée de sabots en dessous… et le petit troupeau qui continue sa course folle droit devant.


- yep yep !!! allez Altaïr plus vite plus vite !!!

Sourire triomphant quand ils déboulent sur le chemin à quelques enjambées du dernier animal.

Sourire qui s’efface un instant.

Droit devant eux à bonne portée de course un arbre est tombé et barre le passage, et la famille en fuite en profite pour se glisser dans un fourré pour le contourner.

Il se penche en avant, lâche pratiquement les rênes et laisse libre court à la folie de son étalon. Une battue et celui ci bondit, le cavalier décolle avec lui pour se réceptionner de l’autre côté où il reprend les rênes un sourire victorieux sur les lèvres. Petit regard en arrière avant de reporter son regard au devant et d’écarquiller les yeux.

Il n’a pas le temps d’anticiper le saut pour un autre arbre couché en travers du chemin… il est trop assis alors qu’il devrait être penché en avant…

L’étalon saute, la réception est terrible. Balian perd l’équilibre et ses pieds quittent les étriers que la pluie a rendu glissants, le déséquilibrant. Sa monture se dérobe sous lui, et il roule sur le chemin pour atterrir à plat ventre dans l’herbe boueuse. L’étalon surpris de ne plus sentir le poids de son cavalier calme son galop avant de s’arrêter, pour revenir à côté du jeune gars allongé, la face contre terre, inconscient.


Balian a écrit:[La rencontre]


Pourquoi fallait il toujours qu'on le secoue lorsqu'il dormait.
Désagréable sensation que d'avoir l'impression que quelqu'un le secouait comme un vulgaire sac de farine et désagréable sensation que celle de recevoir une giffle. Une giffle ?!! Pourquoi diantre recevait il une giffle, il n'avait pas souvenance d'une femme à ses côtés et seule une femme pouvait vous coller une beigne, là où un homme vous collerait..  une beigne. Ce qu'il était fatigué ! Même sa tête ne fonctionnait plus très bien, c'était l'impression qu'il avait. 


- si tu n'ouvres pas les yeux je vais devoir t'abandonner aux rapaces

Les rapaces ? pourquoi l'abandonner, où était il ?
Une prunelle grise s'ouvrit doucement pour fixer la femme penchée sur lui avant que l'autre ne se décida enfin à montrer qu'elle fonctionnait parfaitement elle aussi. Un froncement de sourcils en essayant de distinguer le visage à moitié dissimulé sous une capuche pour se protéger de la pluie, et qui lui laissait apercevoir un regard bleu et froid, de ceux qui vous déshabillent l'âme et le corps sans même que l'on puisse esquiver aucun geste pour s'en défendre.

Il tenta de murmurer après avoir avalé sa salive, réalisant que la boue s'était invitée sur son visage, et tentait traîtreusement de s'infiltrer dans sa bouche.


- je suis au paradis et tu es un ange

Au mouvement de tête, mi perplexe, mi impatiente, en même temps qu'une douleur à la tête le faisait grimacer, il pensa qu'il n'en était rien. Il ne pouvait pas être mort et donc au paradis puisqu'il sentait la douleur. Et le sage du village lui avait bien expliqué qu'une fois rejoint le très haut, on ne ressentait plus la douleur. Quoi que le jeune gars se demandait si certains étaient revenus du ciel pour en apporter quelque preuve.

La voix de la femme le tira de ses réflexions.


- j'ai d'abord cru à un sac abandonné par quelque voyageur avant de m'apercevoir que tu étais plutôt dans la catégorie êtres vivants

Un sac abandonné ...  s'il n'avait pas été avec une tête où le moindre bruit résonnait comme le marteau sur l'enclume, il lui aurait montré s'il était un sac abandonné. Un ton qui dénotait une certaine ironie, mais il ne prêta pas plus attention que cela aux paroles, se laissant seulement bercer par la voix chaude pointée d'une teinte de sensualité, voix en parfait accord avec son regard dont il avait du mal à détacher le sien. Une telle voix ne pouvait appartenir à une tenancière d'auberge, du moins pas celle de son village, la Margot.
Une telle voix devait appartenir à une femme jeune, ce qui n'était pas un mauvais point, et qui n'avait pas froid aux yeux et sans doute ne faisait il pas bon de la contrarier. Et tout en essayant de rassembler les mots entendus pour qu'il fasse une phrase qui le ferait enfin réagir, il pensait que s'il fallait mourir un jour, il souhaitait que ce soit à cet instant, dans les bras d'une inconnue dont le regard et la voix déjà faisaient vibrer son âme. Et puis si tout ce qui accompagnait visage et regard était accordé à ce qu'il voyait, alors la mort n'en serait que bien plus douce, même si regrettable.

Mais la belle en avait décidé autrement, il ne mourrait pas aujourd'hui, du moins pas dans cette situation. Adieu rêve de douceur et imagination qui s'envole déjà, et bonjour douleur. Elle lui empoigna la main sans ménagement en se redressant, l'obligeant de ce fait à s'asseoir ce qui déclencha un cliquetis d'épées qui s'entrechoquaient dans son crâne, avant qu'il ne se remette totalement debout avec son aide.

Un regard circulaire en se frottant le visage de sa manche pour tenter de se débarrasser de la boue et de l'herbe, et un regard sur l'inconnue qu'il laissa courir de bas en haut, sans aucune gêne. Une tenue sombre composée de vêtements plus homme que femme, des bottes, une épée à la ceinture, le tout surmonté d'une cape dont la capuche masquant à moitié le visage, laissait néanmoins apercevoir une chevelure sombre. Le visage semblait régulier, mais pas de ceux sur lesquels on peut lire la douceur d'un regard. Non, les deux prunelles pervenches qui le détaillaient à leur tour étaient dures avec un zeste de provocation qui le fit tourner son regard vers le maudit tronc d'arbre.


maudit soit celui là ... tout en essayant d'enlever un maximum de boue et d'herbe de ses braies et cape, pensant qu'il ne devait pas être bien présentable. Il fit un tour sur lui même, rassuré de voir Altaïr aux côtés de la monture de la jeune femme, et soupira en pensant à sa chasse avortée.

- qui es tu ? tu n'es pas du village que faisais tu ici ?
- je chassais... enfin tentais avant que ce truc ne m'en empêche.


Il désigna l'arbre mort et reposa ensuite ses mirettes sur elle.

- je suis au village pour un ou deux jours, le temps que ma commande de matériel et nourriture soit prête. Nous avons eu quelques pertes au village plus au sud et je viens un peu au ravitaillement. Je suis Balian, forgeron.
- et guerrier
...  elle désigna d'un mouvement du menton, l'épée encore accrochée à la selle d'Altaïr... je connais ce genre de lame. Seul un guerrier peut en posséder une. Elle est lourde mais lorsqu'on sait la manier, elle se montre redoutable.
- elle l'est oui.


Il cacha quelque peu son étonnement,  voyant qu'elle connaissait les armes, ce qui sous entendait qu'elle devait être une guerrière, et d'après ce qu'il devinait, quelqu'un à qui il ne fallait sans doute pas trop se frotter. Le regard du jeune brun suivit celui de l'inconnue et il lui tourna le dos quelques instants, le temps de se diriger vers l'étalon.

- elle appartenait à mon père et elle a occi bon nombre de mes ennemis.
Elle ne me quitte pas lorsque je suis hors du village.


Un sourire en se retournant vers elle, et fixant l'épée qu'elle dissimulait à peine sous sa cape... il est rare de voir une femme manier telle arme. Tu dois être redoutable.

Il attrapa les rênes de son étalon.

- puis je te remercier en t'offrant une chope ?
- pourquoi une seule ? se contenta-t-elle de dire sans lui adresser le moindre regard, rejoignant sa propre monture et se hissant lestement sur son dos tout en dévisageant Balian sans l'ombre d'un sourire... je comptais boire quelque chose de fort et je déteste boire seule.

Sans attendre sa réponse elle mit sa monture en marche, et il la suivit quelques secondes du regard en murmurant ... ça tombe bien j'adore boire avec une inconnue armée d'une épée.

Une fois en selle, il la rejoignit pour chevaucher à ses côtés, lui jetant de temps à autre un regard curieux, avec la certitude que cette femme venait d'entrer dans sa vie, et ne se contenterait pas de faire de la figuration.


Balian a écrit:[Taverne du village]

Ses lèvres se posèrent sur le bord du godet tandis que ses mirettes grises se posaient elles sur les pervenches qui lui faisaient face. Une beauté froide, un visage imperturbable dont la bouche bien dessinée ne laissait passer aucune émotion, aucun sourire. Il s’y posa quelques secondes dessus avant d’avaler une gorgée de vin et de reposer son contenant devant lui, sur la table qu'ils occupaient non loin de la porte, la taverne étant encore calme. Si d’ordinaire il était plutôt à l’aise avec les femmes, avec cette inconnue il se sentait étrangement décontenancé.

Depuis ces quelques mots avant qu’il n’enfourche Altaïr pour se rendre avec elle au village, elle n’avait pas desserré les lèvres, se contentant de l’observer furtivement, comme on observait une bête curieuse.

Il ne leur avait fallu que quelques minutes pour rejoindre le village et le silence étrange n'avait été troublé que par  seulement le bruit des sabots sur le sol boueux, qui rappelait à Balian sa chute mais également ce cauchemar qui revenait de plus en plus souvent, ce cauchemar où l’orage avait rendu le sol aussi glissant qu’aujourd’hui.
Les premières maisons du village laissées légèrement derrière eux, ils s’étaient dirigées vers la taverne dont l’enseigne donnait sur la place, face à l’abreuvoir qui débordait en laissant entendre le bruit de l’eau, ayant bu plus que de raison sous ce triste ciel d’automne qui étirait interminablement des journées de pluie monotones.

Lorsque leurs regards se croisèrent elle ne baissa pas les yeux mais ne prononça pas mots pour autant ce qui eut pour effet d’exaspérer Balian. Meubler ce silence, quitte à dire des banalités affligeantes, après tout, peut être qu’elle rétorquerait et que la discussion serait lancée.


- connaitrais tu un bon forgeron qui pourrait me fabriquer une protection qui abriterait une dizaine d’hommes ?
comme une sorte de grand bouclier.


Les pervenches s’étaient posées quelques secondes sur lui et il allait continuer lorsqu’enfin elle brisa le silence

- n’es tu pas forgeron ?
- comment le sais tu
- je te connais pour être allée souvent par chez toi
- je n’ai pas cet honneur te concernant


Il but une nouvelle gorgée sans la quitter des yeux. Décidément elle avait piqué sa curiosité non content de lui avoir donné goût à la découvrir. Plus elles étaient mystérieuses plus il aimait à découvrir les femmes et il avait la certitude qu’il avait devant lui une femme peu ordinaire, pas de celles qui minaudent bêtement ou jouent les effarouchées. Elle était bien différente.
 
- je n’ai hélas pas de temps pour ce travail et des commandes d’armes à terminer et d’autres choses à régler.

Il regarda sa chope vide et celle de sa compagne du moment dont il ne savait encore rien, ni le nom, ni qui elle était dans ce village, et les remplit à nouveau, prenant les deux dans ses mains avant d’appuyer son coude sur la table, tendant vers l’inconnue sans la lui donner, la chope qui lui était destinée.
 
- cette chope en échange de ton nom
- oui
- oui ?


Il ne broncha pas et attendit la suite, balançant doucement la chope dans sa main, observant son vis à vis mi amusé, mi impatient.

- oui…  je connais un bon forgeron

Elle lui enleva la chope des mains, affichant un petit rictus qui soutira un sourire amusé au jeune gars, et laissa son regard sur lui tout en buvant d'une traite on contenu. Il était bien agréable à regarder le gars, mais s'il croyait la faire plier par un tel subterfuge, il ne la connaissait pas.
Sans le quitter des yeux, comme pour le provoquer, jeu auquel elle s'adonnait souvent afin d'user un peu plus de son pouvoir sur les autres et particulièrement les mâles, elle reposa la chope devant lui, la désignant d'un geste du menton afin qu'il la remplisse à nouveau, tout en lâchant nonchalamment. 


- le meilleur du village  
- et je peux le trouver où ?
- ça dépend de ce que tu proposes en échange de ces travaux


Il suspendit son geste avant de le reprendre, sans la regarder. ...   quelques centaines d'écus, nourri et logé car ils doivent être achevés rapidement.

Nul besoin d'en dire plus, les défenses du village ne regardaient personne. Il releva ses prunelles vers elle, lui tendant sa chope.

- ce travail est urgent, j'ai besoin qu'il reste sur place et finisse au plus tôt. Une dizaine de jours maximum serait l'idéal.
- c'est bien payé
- et il se trouve où ce forgeron ?
- ici
elle marqua un petit moment de silence, but une longue gorgée, lui tendant à son tour le godet ...  tu l'as en face de toi.
- tu ...
- oui. Ca t'étonne ?
- à peine
- alors c'est parfait.


Elle l'étonnait d'instant en instant mais il ne le montra pas se contentant de remplir à nouveau les deux godets et de lever le sien vers elle avant de n'en faire qu'une gorgée. Elle fit de même puis se leva et il en profita pour la détailler un peu plus. Son regard ne passa pas inaperçu et tout en remettant sa capuche elle ajouta.

- quand repars tu ?
- le charpentier m'a donné rendez vous demain dans la matinée.
- alors je t'attendrai chez lui et je partirai avec toi.


Et puis elle tourna les talons, le laissant pensif tandis qu'il la regardait s'éloigner. L'emmener au village et l'avoir quelques jours à portée du regard ne le mécontentait pas. Son regard était toujours posé sur elle lorsqu'elle se retourna avant de franchir le seuil de la taverne.

- Annaelle tu peux me nommer ainsi

à demain Annaelle. murmura t il alors qu'elle refermait déjà la porte derrière elle.


Balian a écrit:[Le lendemain]



Contrairement à ces derniers jours, la nuit s’était passée sereinement pour le jeune forgeron levé très tôt. L’auberge n’était qu’à quelques pas de l’atelier du charpentier et il aurait tout son temps pour aller chercher ses marchandises, mais il tenait à s’occuper d’Altaïr, après ces journées passées à chevaucher sous le mauvais temps. Il ne laissait à personne le soin de s’en occuper. L’animal était pour lui un trésor et quiconque s’y attaquait subissait les foudres de sa colère. Sa main frôlait doucement le pelage soyeux de l’animal tandis qu’il en faisait le tour, ses prunelles grises fixées sur les jambes et les pieds. Une petite tape sur la croupe pour lui faire comprendre de lui montrer un sabot qui l’inquiétait avant de le reposer à demi rassuré.

- je vais devoir regarder ça et remplacer ce fer dès notre retour.

Il retint une envie de rire en repensant à sa chute avant qu’un froncement de sourcils ne vienne le faire grimacer tandis qu’il se plaçait contre le poitrail de l’animal, qui par habitude, vint placer sa tête sur son épaule.

- tu en penses quoi toi d’elle ? belle et mystérieuse non ? tout qui donne envie d’en savoir un peu plus.

Cette femme ne sortait pas de sa tête depuis la veille tant par son côté mystérieux que par cette façon qu’elle avait de le mettre mal à l’aise et de se jouer de lui. Et puis ce qui l’attirait par-dessus tout c’était son regard bleu et froid comme la neige. Aucune expression ne s’en échappait comme si elle ne regardait autour d’elle que par obligation, sans vraiment se poser de question ou tergiverser sur ce qu’elle voyait. Plusieurs fois il avait détourné son regard, mal à l’aise sans qu’elle n’ai prononcé un seul mot.
Il jeta un regard vers les deux mules qui l'avaient accompagné afin de transporter ses achats, avant de lâcher son étalon pour prendre sa selle posée sur une poutre à quelques pas, et se retourna avant de stopper son mouvement.
Une silhouette se tenait dans l'encoignure de la porte, et malgré la faible lumière qui filtrait par les petites ouvertures et les quelques torches qui éclairaient un peu les lieux, il n'eût pas de mal à la reconnaître. La surprise passée, il reprit son geste resté en suspend tout en s'adressant à elle.


- déjà prête ?
- je vis ici
- la pluie ne va pas faciliter le chemin


Il lui jeta un regard tout en finissant de resserrer la sangle de la selle.

- ton matériel est dans cette caisse ajouta-t'elle en désignant du regard la caisse en question vers laquelle il se dirigea.

Elle le regarda faire, attendant qu'il lui pose des questions, comme le faisaient tous ceux à qui elle disait ça. C'était un mâle, il allait forcément lui demander si elle était la femme du charpentier. Les mâles sont tous prévisibles.
Mais à son étonnement, il se contenta d'un petit sourire et hochement de tête, ce qui l'amusa, avant qu'elle ne se dirige vers le fond des écuries pour récupérer son étalon. Perplexe, il la regarda s'éloigner tout en s'appliquant à fixer solidement la caisse sur l'une des mules. Il brûlait d’envie de lui demander à quel titre elle vivait  ici mais il n’avait pas envie d’entendre spécialement la réponse genre : je suis l’épouse du charpentier.

Les mules chargées de matériel et de nourriture furent bientôt près de l’entrée, attachées par une corde au pommeau de la selle d’Altaïr, et il observa quelques instants Annaelle qui revenait, tenant sa monture d’une main avant de s’arrêter devant lui et lui demander.


- nous pouvons y aller je suppose ?
- tu supposes bien


Il la suivit à nouveau des yeux lorsqu’elle le précéda pour sortir et remonta la capuche de sa cape dans laquelle il s’enroula une fois qu’il fût en selle. Il commençait à faire froid et ils avaient une bonne heure de cheval avant d'arriver au village.


Balian a écrit: [Retour arrière de quelques années, avant la nuit d'orage]


Quelques maisons de bois mêlé de pierres, éparpillées entre deux montagnes, posées de part et d'autre d'un cours d'eau au courant plus fort en amont des maisons, et qu'un pont de bois et de cordes traverse. Une fontaine de pierres plus ou moins en équilibre à ses pieds, lorsqu'elles n'ont pas abandonné leur place pour rouler sous les pas, des arbres aux branches fragiles dépourvues de feuillages en cette fin d'automne et qui donneront du bois mort pour le feu. Le village semble comme engourdi par les premiers froids qui parcourent la vallée faisant s’enfermer femmes et hommes une fois leur labeur achevé. Un chemin qui mène à quelques baraques un peu plus proches de la rivière, où dans l'une, une lueur fragile vacille à travers les carreaux salis et usés par les saisons.

Une façade commune composée de rondins de bois reliés à leurs extrémités par des cordages épais, une porte qui aussitôt franchie donne dans une grande pièce à vivre. Si l'on tourne la tête vers la droite, une porte sur le côté dessert quelques autres petites pièces qui composent l’habitation.


L'ambiance est lourde, des cris raisonnent.

- r'gardes toi ! r'gardes ce qu't'es dev'nue !
- t'es pourtant bien content souvent.


La voix de femme est calme, lasse, elle est celle d'une femme résignée, habituée à de tels propos.

- et ne cries pas les gosses n’ont pas à entendre tout ça.
- t'es qu'une chienne j'me d'mande comment j'ai fait !
- c'est toi qui change, pas moi... pose donc cette bouteille et va te décrasser


La peur, comme souvent depuis quelques semaines. Les cris qui recommencent encore et encore à chaque fois qu'il revient d'une de ses escapades qui dure des heures. Des hurlements, des cris de bêtes et des insultes. Des cris et des pleurs qui se mêlent aux larmes du gosse réfugié dans le coin qui lui sert de lit dans la chambre qu'il partage avec ses deux sœurs un peu plus âgées que lui.

Elles font semblant de dormir il le sait, il voit leurs cils battre doucement, leur poitrine qui se soulève dans un souffle, sans un bruit. Muées par la peur elles ne sont que silence devant la violence devenue habituelle de leur père. Leur mère est pourtant une femme douce, énergique et belle, qui manie l'épée comme son père manie la violence.*
La haine est plus forte que la peur des coups qu'il va recevoir. Il a quitté son lit au matelas usé et recouvert de drap dont le temps à usé lui aussi la toile, pour bondir hors de la pièce et se placer entre ses parents, les poings serrés, ses mirettes grises plantées dans celles du géant qui lui fait face et dont il ne reconnaît plus le visage depuis des semaines. Où est passé celui qui lui apprenait à se battre, qu'est donc devenu celui qui l'avait emmené là haut sur les sentiers escarpés de la montagne surplombant la vallée. Qu'est devenu celui qui le relevait lorsque ses petites jambes ne le portaient plus.

Son visage devient dur lorsqu'il ose élever la voix contre son père.


- laiss' la !
- dégag' de la c'est à ta mère que j'cause !


La grosse paluche qui s'abat sur son épaule pour l'écarter le déstabilise, mais il reste face à son père, ne baisse pas le regard comme s’il voulait le provoquer pour que sa colère lui fasse oublier celle qu’il dirige contre sa mère.

- laiss' la j'te dis !
- et moi dégages j'te dis fils !
- t'en prends pas à lui sois un homme au moins une fois dans ta vie


Sa mère qui fait face comme presque tous les soirs depuis de longues semaines que ce calvaire a commencé. Pourquoi son père a t il changé ainsi. Depuis la dernière attaque qui a vu grand nombre de villageois massacrés il ne le reconnait plus.
C'était comme si une bête sauvage l'avait remplacé et quand il rentre, Balian ne comprend plus ses paroles et ses gestes. Ses soeurs lui disent qu'il boit de drôles de trucs pour oublier tout ça, et qu'apres il ne sait plus ce qu'il fait.

Les coups vont tomber il le sait, plus violents les uns après les autres. Il connait ces douleurs pendant les coups, à la limite de lui briser les os. Mais il se dresse face à lui du haut de ses dix ans, face à sa stature de géant et à sa force de brute.


- laiss' la !

Ses poings se serrent tandis que ses sourcils se froncent encore, déterminé à ne pas le laisser une fois de plus lever la main sur elle. Un cri de douleur lorsqu'un coup de pied dans les jambes l'envoie valser à plusieurs pas. Une main rageuse qui l'empoigne par sa chemise, le malmène et vient le jeter sur son lit. Sa tête qui cogne contre le mur.

Et puis encore, la nuit qui descend, une fois de plus. Cette fois encore, il ne pourra pas arrêter la violence aveugle qui envahit la demeure.




Balian a écrit:
[Sur le chemin qui les conduisent au Village]

Juste un peu de silence
Rien d'important
Que l'essentiel
Une mesure absente
Un rien laissé
A la portée
D'une vie impuissante
(Calogero – juste un peu de silence)



Ses prunelles grises balayaient doucement les bois qui longeaient le chemin qui ne tarderait pas à les conduire en vue de l’Avant poste qui précédait de peu l’entrée du village. Tout au long de leur chevauchée il n’avait arrêté de lui jeter quelques regards furtifs. Bien des choses l’attiraient en elle à commencer par sa beauté que n’importe quel mâle normalement constitué ne pouvait ignorer. Mais par-dessus tout, ce qui semblait l’hypnotiser à chaque fois qu’elle daignait donner un petit signe de vie à son compagnon de voyage, c’était son regard pervenche et sa voix. Un regard qui une fois posé sur lui scrutait chacun de ses gestes, chacune de ses réactions. Une voix chaude et douce à la fois, qui tourbillonnait autour de lui l’enveloppant d’un souffle à la fois chaud et glacial.
Elle ne distribuait ses mots qu’avec parcimonie, se contentant du strict minimum. Chaque question qu’elle lui posait était ponctuée de ce regard qui pesait sur lui comme la hache d’un bourreau. Donner la bonne réponse, ne pas se fourvoyer mais la laisser parfois sur sa faim non par provocation mais parce qu’il n’aimait pas parler de lui. Et puis si, un peu par provocation car ce jeu l’amusait. Depuis son plus jeune âge il avait été habitué aux longs silences et il lisait bien mieux dans les autres en les observant, qu’en écoutant leurs flots de paroles qui bien souvent n’était que poudre aux yeux.


Cette fois-ci ce fût elle qui brisa le silence.

- tu n’es pas comme les autres

Le regard du jeune gars se posa quelques secondes sur elle profitant qu’elle n’avait pas quitté le chemin des yeux, avant de repartir au-devant d’eux tandis qu’elle continuait.

- tu sembles t'accommoder de ce que je te dis sans poser trop de questions.
- je n’aime pas poser de questions. Souvent les réponses ne sont pas celles que l’on attend, mais celles qu’a envie de dire l’autre qu’il mente ou pas.
- un bon point pour toi. Répondras tu alors à mes questions ?
- ça dépend

 
Un sourire amusé étira doucement les lèvres de Balian. Une guerrière mais une guerrière curieuse, voila ce qui lui traversa l’esprit tandis qu'il croisait son regard.

- que veux tu savoir ?
- ce que tu ne m’as pas dit à la taverne. Pourquoi ces protections ?
- nous avons subi quelques attaques les semaines passées. Des pillards qui semblent prendre un malin plaisir à s’en prendre aux villages alentours. Ils montent de la vallée. Avec le conseil et les sages nous avons décidé de bâtir un Avant Poste à quelques minutes du village, entre les montagnes sur le seul chemin qu'ils peuvent emprunter.
- j'ai entendu parler de ces attaques au village par Jorah... mon compagnon


Le mot sonna comme un coup de bouclier sur la tête de Balian. Son compagnon, était il idiot pour penser qu'une femme comme elle était libre comme l'air.

- le charpentier qui t'a fourni ton matériel ...  ajouta t elle comme pour devancer une question qui pourtant ne vint pas.

Voila qui expliquait ses propos alors qu'ils partaient, et il n'afficha aucun signe qui puisse trahir ses pensées lorsqu'il lui répondit.


- d'où ta présence chez lui ce matin

Elle sembla hésiter quelques instants avant de fixer ses pervenches sur le jeune brun qui avait à nouveau tourné son regard vers le chemin.

- disons que nous avons un contrat. C'est une longue histoire.
Peut être qu'un jour je te raconterai.


Ses mots étaient saccadés. Elle sentait une étrange envie de lui raconter quelque peu certaines choses, mais voulait d'abord s'assurer de qui il était, même si depuis leur rencontre de la veille elle avait pu cerner globalement l'homme. Et de ce qu'elle avait pu observer hormis un physique pas désagréable du tout, il lui apparaissait comme un mec droit dans ses bottes, un combattant, secret tout en étant présent ce qui ne lui déplaisait pas, même si pour le moment il n'était que celui qui lui demandait travail contre écus sonnants.
Des hommes prêts à tout pour obtenir ses faveurs, elle en avait suffisamment autour d'elle, pour ne pas accorder à n'importe qui le droit d'avoir ses confidences, rares, mais néanmoins importantes pour elle. Et d'ailleurs, personne ne pouvait se vanter d'être suffisamment proche d'elle pour obtenir tout cela.

Elle ajouta comme pour justifier son silence.


- je dois protéger mon frère

Le regard étonné que lui lança son compagnon de voyage la fit sauter du coq à l'âne, ce qui n'échappa point au jeune gars. D'un geste du menton elle désigna l'épée attachée à sa ceinture.

- qui a forgé la lame de ton père ? lui-même  ?
- oui… Il était forgeron, ma sœur et moi le sommes aussi
et d’ajouter avant qu’elle ne lui demande pourquoi il ne s’était pas adressé à elle pour cette protection qu’il lui avait demandée… elle se remet de vilaines blessures voila pourquoi ton aide nous sera précieuse. Je pense que la connaissant elle voudra t’aider.

Cette fois-ci ce fût elle qui se tourna vers lui et l’observa quelques instants alors qu’il semblait parti dans quelques pensées, avant de descendre ses pervenches sur la lame et de revenir sur le profil que lui offrait Balian. Une petite mimique satisfaite en reportant son regard sur le chemin.

Et pendant qu’elle l’observait, lui était reparti dans ces images de son enfance qui revenaient bien trop souvent.

Balian a écrit: [Retour arrière de quelques années, avant la nuit d'orage]  
 
"Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir.."
(If - Rudyard Kipling)




- maintiens ta lame haute et bloque la mienne !

La lame vole et vient se poser lourdement à ses pieds tandis qu'il lève les épaules laissant s'échapper un soupir de découragement.

- recommences. Haute et bloques !

Le bruit des lames qui s’entrechoquent, le gamin de sept ans y met toute sa rage. Son poignet tremble, il lutte les dents serrées, résiste pour contrer cette lame et la maintenir loin de lui. Il doit tenir, son père doit être fier de lui.

Les conseils fusent.


- basse et dégages là derrière !

Son mouvement vers sa droite est inachevé. La lame vole une autre fois quittant ses mains devant la force de son père, le faisant tomber à genoux. L’homme se dirige vers l’épée qu’il ramasse, regarde son fils qui s'est relevé, des larmes de rage dans le regard tandis qu'il serre les poings.

- l'une des règles essentielles est de maîtriser sa posture au combat : n'être ni statique, ni raide, garder son équilibre et connaître sa rapidité de mouvement.
Parer... c'est ... dévier plutôt que bloquer et éviter plutôt que dévier.


Lame qu’il tend à son fils en posant son regard acier sur lui. Un léger sourire vient fendre le visage de l'homme.

- apprend qu'un bon guerrier recherche l'initiative et va à l'attaque.
Accepter passivement l'offensive adverse en se contentant de parer sans contre attaquer est une technique de combat inférieure qui ne peut mener qu'à la défaite.

Viens ici Bal. Assieds toi là.


Le regard de son père se porte au devant d’eux, sur les montagnes qui telles des géantes veillent sur le paysage, empêchant quiconque de le franchir. Elles dominent la plaine où se nichent quelques villages.
Balian s'est laissé tomber assis sur la pierre aux côtés de son père, son épée serrée dans cette main fatiguée par ces heures d'entraînement qui le laissent chaque soir épuisé mais heureux lorsque son père pose sa main sur son épaule avec ce petit geste imperceptible quand il resserre doucement sa poigne, qui lui fait comprendre qu'il est content de lui.

Les yeux gris du gamin se lèvent pour s'attarder quelques instants sur les sommets tandis que la voix de son père résonne doucement dans le soir.


- la guerre n'est pas un ensemble de combattants se jetant en mêlées furieuses, s'étripant sauvagement les uns les autres comme des brutes violentes.
C'est un savoir et un ensemble de techniques dont la tradition est ancestrale. La rigueur de la voie martiale est une vraie discipline, souviens t’en toujours mon fils.


Son regard abandonne le lointain pour croiser celui de son père tandis qu'un faible sourire s'affiche sur son visage marqué par la fatigue et la poussière. Seules ses prunelles grises aciers semblables à celles paternelles posent mille questions. Comment ça fait lorsqu'on se bat en vrai et qu'on tue quelqu'un ?

- n’oublies jamais, lorsqu'il s'agit de se défendre contre un adversaire et de le vaincre, lorsqu'il faut sauver sa propre vie, que le hasard n'a pas sa place. Si tu ne peux utiliser ta force, utilises ta ruse et ton agilité.
Il te faut savoir ne compter que sur toi.


Avant que le regard paternel ne l'abandonne pour lui désigner les sombres gardiennes dans le soleil couchant.

- tu vois ces sommets là bas, celui qui les franchira touchera le ciel apres avoir vaincu l’impensable, en domptant ces hauteurs vertigineuses qui font paraitre le monde minuscule lorsque tu y grimpes.
- tu y es déjà monté ?
- non. Le chemin qui y monte est long, caillouteux et raide. Il faut deux jours de marche.
- j’aimerais bien toucher le ciel


Tout en disant cela, il s'est levé sans quitter le lointain du regard et une lueur de fierté fait briller son regard lorsqu'il sent la main de son père se poser sur son épaule pour la serrer doucement avant que les deux regards se croisent à nouveau.

- un jour nous y monterons ensemble.


"Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,"
(If - Rudyard Kipling)


Balian a écrit:09-07-2013

 [Retour arrière, quelques jours après l’entrainement]
 
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot...
(If - Rudyard Kipling)
 


Des notes sur un journal qui dort au fond d’une malle aujourd'hui.

notes pour parer à l'épée.

Bien qu’je comprends pas trop pourquoi, père m'oblige à apprendre à lire et écrire. C'est le soir, à la lueur de la chandelle, que je déchiffre mes premiers parchemins, des livres qu'il me donne, des choses dehors qu'il me fait lire. Mère n'est pas en reste pour que j'arrive à me débrouiller seul de ce côté là. La journée j'apprends à manier les armes et surtout l'épée. C'est terrible une épée mais j'aimerais aussi savoir me servir d'un arc, comme Arcadi. L'est drôlement forte ma soeur. Si j'apprends bien, elle m'a dit qu'elle m'apprendra ses secrets. J'suis content.

Aujourd'hui on s'est encore entrainé. Mon épée a volé plusieurs fois loin de moi et j'ai mal à mes mains et mon poignet droit. Mais j’ai rien dit. Sanya m’a dit qu’un guerrier ça souffre sans le dire alors j’écoute ma sœur. Puis si j’dis qu’j’ai mal père ne voudra pas m’emmener voir les montagnes.
Et puis y'avait les montagnes derrière lui. Je crois qu’elles m'empêchent de me concentrer quand je me bats.

Il m'a dit qu'un jour on irait ensemble.
C'est quand un jour ? je voudrais que ce soit demain.

Faut qu’je note ce qu'il m'a appris aujourd'hui. Il m'a fait travailler encore la garde et il m'a dit qu'y avait 2 techniques de parade :

Soit je pare avec le plat de l'épée pour protéger ma lame et bien parer le coup mais ça m'oblige à tordre mon poignet et ça m'fait mal. Où alors, je pare avec le tranchant de l'épée. Enfin avec la partie non tranchante au dessus de la garde pour pas abîmer ma lame. Enfin j'sais pas trop comment décrire, j'me rappelle juste ses paroles.

Ca permet de bloquer l'arme de l'autre, avec la partie la plus solide de la lame, mais ça abîme aussi la lame et après faut l'emmener au forgeron pour qu'il l'aiguise. P'pa me dit de toujours prendre soin de mes armes.

J'ai écris tout ça pour me rappeler, alors voilà faudra je lise ça souvent et me faut attraper de la force dans mon poignet pour pouvoir tenir cette épée. Sanya et Arcadi rigolent quand je m’entraîne avec père, j’les vois et j’fais comme si ca m’faisait rien mais j’dois devenir fort.

j’fais un dessin parce que je m'en rappellerai pas.


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[color:04c6=invalid-color:invalid-color:] [Quelques semaines apres] 


Ses petites jambes lui faisaient mal mais il avait suivi les traces de son père sans mot dire, sans se plaindre avec la hargne d'un gamin de neuf ans, noyant le paternel sous une pluie de questions de pourquoi, de comment avant que le souffle ne lui manque et qu'il ne le suive, marchant sur les mêmes cailloux, suivant ses pas pour ne pas se tromper ou tomber sur ce chemin caillouteux qui serpentait à travers les buissons.
Lorsqu'ils avaient quitté la maison, il avait salué sa mère et ses soeurs d'un geste de la main, avant de s'enfoncer avec son père, dans le petit matin où les ombres bientôt laisseraient place à la lumière et à la chaleur de ce début d'été.

Et elles étaient là, devant lui, fières, imposantes, majestueuses, le dominant de toute leur hauteur et leur masse. Il les regardait en levant la tête, sans rien dire, sans bouger de peur qu'elles ne grondent la minuscule fourmi qu'il était. De là haut, c'était sûr et certain, il allait pouvoir toucher le ciel.


- waouhhhh
- ferme la bouche mon fils


Mine mi contrariée mi admirative. Jamais le jeune Balian n'avait approché pareille chose. Ses mirettes grises grandes ouvertes ne lâchaient pas les sommets qui se perdaient par moment entre de fines couches de nuages qui semblaient les protéger de quiconque oserait trop les regarder.

- mais p'pa regarde ! sont .... sont ... com' ça !

Bras en croix pour désigner ce qu'il a devant les yeux. Son rêve. Il a tenu promesse, il l'a emmené avec lui.

- tu vois le sentier qui monte là bas ? il mène tout au sommet. Il faut presque une journée pour y grimper mais lorsque tu seras là haut Bal, tu comprendras.
- dommage qu'Arcadi et Sanya soient pas v'nues.
- on ne peut laisser le village deux jours sans surveillance. Tes soeurs sont jeunes mais vaillantes.
- moui
- remettons nous en route et ce soir, nous dormirons près du ciel.


Une lueur avait éclairé le regard du jeune garçon, tandis qu'il pensait que lui aussi, un jour, surveillerait le village et mettrait à terre tous ceux qui voudraient l'attaquer. Encore un peu de patience, juste encore un peu, tout en profitant des leçons de son père.

Son père. Il lui vouait une admiration sans borne. Sa maîtrise des armes et surtout du sabre, toutes ces choses qu'il connaissait et qu'il tentait de lui apprendre au milieu du chaos d'un monde où la violence pouvait surgir à chaque détour de chemin. Il ne lui parlait jamais de ce jour où il avait été laissé pour mort sur le bord du chemin. Celle qui allait devenir sa mère avait tout mis en oeuvre pour ramener l'homme vers la vie. Elle avait réussi avec ceux qui comme elle, soignaient et soulageaient les maux avec des plantes. Depuis ce jour ils ne s'étaient plus quittés et puis Arcadi était arrivée suivie l'année d’après par Sanya et quelques années plus tard par Balian.


- t'crois qu'on voit le bout du monde d'là haut p'pa ?
- le bout du monde ? .... 
son père leva les yeux vers le sommet avant de reporter son regard sur son fils ... le monde est bien trop grand pour en voir le bout
- c'est si grand qu'ça ?


Aucune réponse, et s'il y en avait eu une, le jeune garçon ne l'aurait sans doute pas entendue trop fasciné par le spectacle qui s'offrait à lui.

Ils s'étaient donc remis en marche, le gamin suivant vaillamment son père, trébuchant ou tombant à cause de pierres qui roulaient sous ses chaussures, comme pour l'empêcher d'aller plus haut, comme pour lui interdire d'aller profaner le toit du ciel. Mais il s'en fichait et lorsqu'il se retrouvait à plat ventre sur le chemin sous les rires de son père, il se relevait et marchait, sa détermination grandissant au rythme de ses pas, son bâton à la main, comme si rien ne pourrait l'arrêter, pas même la colère de la montagne.

Lorsqu'ils avaient atteint le sommet, le gosse n'avait pas eu assez d'yeux pour regarder autour de lui, pas assez de mots pour questionner son père sur tout ce qu'il voyait. Ils avaient dormi sous les étoiles, il avait dormi des rêves plein la tête, et lorsqu'il était redescendu au petit matin à ses côtés, il s'était dit qu'il savait où se réfugier si un jour il était en danger. Les montagnes désormais veilleraient sur lui et seraient son refuge.



Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur
(If - Rudyard Kipling)



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